Je suis rentré chez moi il y a 5 jours. Voler de Hilo à SFO en 5 heures était très étrange. Si rapide. Si facile. Donc pas cher (par rapport au coût de mon expédition).

Pourquoi déciderait-on de traverser cet océan en 3 mois, alors qu'un tel moyen de transport est disponible ? La réponse est complexe à répondre, mais je pense qu'elle est liée au besoin intérieur de nous, êtres humains, de repousser nos propres limites, de nous découvrir à travers la réalisation de défis, de nous mesurer à la nature et aux éléments, de vouloir découvrir et ressentir La vie par nos propres moyens.

Ce projet était incroyable. La poussière se dépose lentement. L'expédition est terminée. Le rêve était vécu. Dès que j'ai mis les pieds dans notre maison, j'ai tout de suite senti que la boucle était bouclée. La traversée est terminée. Ce n'était pas un projet de passage CA à HI, c'était un projet de maison à maison. L'expédition a vraiment commencé au moment où j'ai quitté la maison, la tête pleine d'espoirs et de détermination, et s'est terminée au moment où j'étais de retour, en sécurité et la tête pleine d'émotions et de souvenirs.

Maintenant quoi?

Je pense qu'il y a un syndrome psychologique connu chez l'aventurier qui, après s'être concentré si longtemps sur un seul objectif, se sent soudain sans but après l'avoir atteint. La tendance naturelle serait alors de combler ce vide et cette envie mentale en visant immédiatement une autre aventure. J'essaie aussi fort que je peux d'éviter cela. Je dois admettre que c'est vraiment dur. Je ne me sens pas sans but ou perdu, mais je me demande ce que je devrais faire ensuite. J'ai sorti quelques livres de ma bibliothèque et je les ai mis en haut de la pile. J'ai regardé quelques cartes. Je sais que l'aventure fera toujours partie de ma vie, mais je dois me donner délibérément de la place, me détendre, profiter. Je peux regarder le menu, mais je ne dois rien commander pour le moment.

Concentrez-vous sur la récupération : j'ai donné du fil à retordre à mon corps. Même si je me sens encore fort, je dois laisser le temps à mon corps de bien récupérer. Mes muscles ont besoin de se reconstituer, mes tendons et mes articulations ont besoin de se renforcer et de se reposer, mon sommeil a besoin de retrouver un rythme sain, ma mobilité et mon équilibre ont besoin d'être retrouvés. J'ai besoin de bien manger, de compléter les besoins de mon corps et de lui laisser du temps. Pas de précipitation.

La semaine prochaine, je vais en Caroline du Nord au laboratoire de performance humaine de Standard Process et nous ferons une journée complète de tests. Le même que nous avions fait avant la traversée : VO2 max, grip, mesures de force, analyse sanguine, IMC (Indice de Masse Corporelle), densité osseuse,… Ce sera super intéressant de voir la différence entre l'avant et l'après. J'ai prélevé des échantillons de sang avant, pendant et après afin que le laboratoire puisse analyser comment mon corps a réagi à l'épreuve. Il existe très peu de données sur l'impact d'une expédition de 90 jours sur le corps. Plus que les 20 livres perdues (j'en ai déjà repris 10, lol), quel est l'impact de l'expédition sur le foie, sur les poumons, sur le cœur, sur le mental…. Tellement intéressant pour moi.

L'expédition est terminée. J'apprécie vraiment d'être de retour à terre et de partager l'histoire avec tout le monde.

"Un jour à la fois". C'est drôle, c'est exactement ce que je me disais quand j'étais sur le kayak.

Aloha à tous, Amour à tous, Cyril